
Nous avions besoin dans un délai bref, d’un ultime devis pour clore le dossier bancaire. Bien qu’ayant prévu de réaliser la cuisine par nos propres moyens, nous avons donc décidé de rendre visite à un cuisiniste pour obtenir ce devis ! Et tant qu’à faire, un cuisiniste célèbre pour un devis conséquent !
Je suis reçu à bras ouvert par monsieur PSCHITT lui même, enfin le directeur du magasin. Il me souhaite la bienvenue en m’offrant d'emblée deux cadeaux : un gant de cuisine et le catalogue de la maison (couverture cartonnée, quadrichromie, Cdrom. Rien que le prix du catalogue en dit long sur la misère de ce cuisiniste).
S’ensuit un interrogatoire sur mon pedigree, sur mon projet, puis visite du magasin, salutations aux moultes commerciaux, admission dans l’antre secrète où je découvre, sous vitrine, un meuble bas. Sa porte et son tiroir, avec la régularité d’un coucou suisse, s’ouvrent et se ferment mécaniquement. Au dessus, un compteur affiche un score démentiel à 9 chiffres… « Vous voyez, ces fermetures après x milliers de rotations, soit l’équivalent de deux siècles et demi d’utilisation normale, sont encore parfaitement acceptables… nous sommes les seuls cuisinistes détenteurs de la norme iso 9002, Monsieur, une maison sérieuse, quoi, qui ne fait pas que vendre du kit, comme les autres !». Le baratin habituel... Je ronge mon frein puisqu’il me le faut, ce devis !
Bref, on me demande si j'ai 3 heures devant moi ! Gloups, allons-y ! Du coup, je décide que tant qu'à perdre 3 heures, au moins rigolons ! Donc j'attaque avec mon conseiller particulier. Choix des modèles, des couleurs, je lui demande son avis expérimenté, il rayonne, tout baigne ! Je suis suspendu à ses lèvres quand j'entends siffler au bout d'une heure et demie "comme ça, on pourra signer le bon de commande..." PARDON ? Je ne vous ai pas demandé un bon de commande mais un devis ! Comme par hasard, c'est le moment que choisit le patron pour venir voir où on en. Le vendeur, regard de cocker affable, lui pleure presque que je ne veux qu'un devis. Comment ça qu'il hurle le patron, mais enfin c'est pas ce qu'on avait convenu ! Ah si si, lui dis-je, je ne vous ai rien demandé d'autre qu'un devis ! "Avec tout le boulot qu'on a, vous pensez bien que ..." Du coup, en deux clics de souris, mon conseiller m'arrange un pitoyable devis ne reprenant aucun des éléments sur lequel nous planchions quelques secondes plus tôt. Je m'apprête à prendre congé, regrettant que cette entrevue ne m'ait pas permis de réellement chiffrer mes envies (en admettant que j'aie été un vrai client). Ah oui, mais il faut aller saluer le directeur. Bon, j'y vais, l'occasion de lui faire remarquer cyniquement, que l'imprimante étant en panne je n'ai pas pu obtenir le précieux devis (il me sera expédié par la poste 2 jours plus tard). Je lui conseillais donc d'opter pour une imprimante PSCHITT, au moins, avec la norme ISO 2002, il n'aurait pas de surprise !
Depuis, en racontant cette histoire à des amis, ils nous ont appris que la technique visant à culpabiliser le client (c'est bien sa faute si le vendeur se fait remonter les bretelles en sa présence par le patron) a prouvé toute son efficacité ; il y en a qui signent le fameux bon de commande ! Or, contrairement au démarchage à domicile, signer un bon de commande dans les locaux de l'entreprise rend caduque toute rétractation. A titre indicatif, j'étais prêt à pousser le bouchon jusqu'à signer ce fameux bon de commande pour le dénoncer le lendemain...13000 euros ! OUF).
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