
Par le professeur émérite Jean-Michel Barrault, Université de Granzay-Gript
Pailledeseiglologue
Les différents postes
1) Le donneur : c'est le poste le plus éprouvant puisqu'il consiste à hisser les 1300 bottes sur la remorque, l'effort de levée allant de 1m à 3m. Il doit se munir d'une fourche à long manche.
2) L'agenceur de stockage mobile : ce poste consiste à répartir sur la remorque les bottes de façon à ce qu'on puisse en mettre un maximum et ainsi assurer un minimum de vacations tout en évitant un largage prématuré au cours de l'acheminement sur différentes voies plus ou moins carrossables. L'effort de l'agenceur est moins violent que celui du donneur, mais il est plus intellectuel, car il doit travailler avec rigueur et rationnalité, dans un laps de temps réduit, si le nombre de donneurs excède deux. En gros, il ne doit pas s'y prendre comme ce qu'il tient dans la main. A la rigueur, il pourrait y avoir 2 agenceurs mais alors il faut une parfaite entente entre les deux. L'agenceur a besoin d'une fourche à manche court, mais il peut procéder à manches retroussées en saisissant la botte à mains nues par la ficelle (prendre la botte aux mains n'est pas malsain).
3) Le conducteur du véhicule de chargement : sur le site ce peut même être une femme, puisque ce poste ne demande ni les qualités du donneur, ni celles de l'agenceur. Il consiste à avancer de tas en tas, à petite vitesse, et avec une grande maîtrise de l'embrayage pour éviter une descente prématurée des bottes et de l'agenceur.
4) L'agenceur du stockage pérenne : ce poste, en cas d'insuffisance de personnel, peut être tenu par l'agenceur de stockage mobile, puisqu'il demande les mêmes qualités avec moins d'exigence, le stockage n'étant désormais plus ambulatoire. Sa tâche est même facilitée quand l'entrepos est bardé (j'ai bien dit l'entrepôt !) ; nonobstant, il ne doit pas oublier que la hauteur peut dépasser 8 mètres.
5) Le délesteur : son rôle consiste à décharger la remorque, donc il requiert les mêmes qualités physiques que le donneur car il commencera certes par un mouvement descendant , mais au fur et à mesure que le chargement va décroître, le stockage pérenne, par le phénomène connu de vases communicants, va croître et de ce fait le mouvement deviendra ascensionnel. Prévoir une fourche à manche court au début et à manche long par la suite. Se munir de bonnes chaussures pour assurer un bon aplomb, car décharger sur des bottes plus ou moins malaisées, faute du transport branlant, demande un bon sens de l'équilibre.
6) L'approcheur : intermédiaire entre le délesteur et l'agenceur, c'est le poste qui demande le moins d'expérience dans le maniement des bottes ; il se contente d'acheminer les bottes du délesteur jsuqu'à l'agenceur. Si la distance l'impose, on peut avoir deux, voire trous approcheurs, ceux-ci devant se montrer très prudents pour éviter les coups de pues (terme technique qui désigne un doigt de trident) et les coups de manche.
7) Le raffraichisseur : autrefois ce rôle bien que très important était dévolu aux enfants. Il est appelé aussi porteur de musette ; il doit pouvoir étancher la soif et raviver l'énergie des travailleurs par des boissons énergétiques. L'eau est à consommer avec modération car elle ramollit le cerveau et risque de provoquer des interruptions involontaires de travail, pour assouvissement de "besoins naturels" (JP Ollivier dixit).
Les outils
1) La fourche : c'est l'instrument indispensable vous l'aurez compris. Normalement, elle doit être fournie par l'employeur, mais come celui-ci a l'outrecuidance de vous demander d'apporter des gants (bafouant ainsi le code du travail), je vous conseille d'apporter la vôtre, soupçonnant le sus-nommé d'aller le matin même en catimini dans la forêt proche du site vous couper des manches bruts de tout gossage, donc éminemment ampoulogènes. Evitez d'amputer votre merveilleux chêne pour vous fabriquer un outil certes très bucolique, mais aussi très préhistorique même si son usage st à destination d'une chaumière. Ne prenez pas non plus votre fourche de jardinier car 4 doigts, qui plus est rectilignes, pénètrent difficilement dans la botte. Alors, puisque c'est un outil en voie d'extinction, vous allez vous rabattre sur le veiux trident du grand-père, remisé au fond de la cave (le trident pas le grand-père). Alros là méfiance : prenez la peine de désoxyder les pues car la rouille fait caler le plus costaud des travailleurs. Mais le plus à craindre, c'est la solidité du manche, le travail du temps sétant souvent aussi celui des vers qui, creusant des galeries, auront réduit à néant sa rigitié. Alors si au bout d'à peinen une demi-heure vous êtes démanché, involontairement, ou par ruse pour abréger la corvée, vous n'aurez pas les félicitations du patron et vos émoluments risquent d'en pâtir. Vérifiez votre manche qui, bien que vieux, et à condition qu'il ne soit pas aussi délabré que décrit précédemment, peut très bien convenir. Il risque cependant, vu son âge et la température caniculaire, d'être très sec. Trempez-le alors jusqu'à samedi pour qu'il gonfle. Si vous désirez vous taillez un nouveau manche, choisissez-le en frêne. Pour qu'il en épouse parfaitement la forme, faites rougir la douille au feu avant de l'enfoncer. Assujetissez-le par une bonne vis. Ainsi bien emmanché, vous pourrez forcer à faire rougir les pues, votre fourche tiendra le coup.
2) Le crochet : il s'agit ici de l'objet en fer que l'on trouve à l'étal du boucher, et non pas de la technique de couture concurrente du point de +, pas plus que, dans sa version plurielle, du mode de ie qui permet à certains enfants de vivre dans de bonnes conditions matérielles auprès de leurs parents. Cet instrument est plutôt employé sur le terrain lors de la phase préliminaire de la logistique, laquelle consiste à rassembler les bottes par petites unités de 6 à 8 en petits ilôts verticaux.
La nutrition
Il est indispensable, avant une pareille épreuve, d'avoir une hygiène de vie et une alimentation irréprochables. Comme pour tout sportif avant une compétition, l'élan amoureux est à proscrire, par compte, gavez-vous de sucres lents ; invitez des amis et ça ne vous met pas en appétit, car des pâtes ! des pâtes ! des pâtes mais pas sans amis !
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